Your Life is your life, de Nicolas Bailleul
‘Life is your life’, petit film poétique et contemplatif au fond du Sri Lanka…
Pourquoi le Sri Lanka ?
En mai 2015, j’ai préparé un projet de documentaire sur les réfugiés Tibétains à Katmandou, dans le quartier de Bodnath, et envisagé de me rendre également à Bandipur, un petit village entre Pokhara et Katmandou. Cependant, l’épicentre du tremblement de terre du 25 avril 2015 était situé à quelques kilomètres de ce village, une semaine avant mon départ. Après avoir constaté l’ampleur des dégâts sur les médias, j’ai décidé d’annuler ce projet, de rembourser une partie du voyage et de verser une partie de l’argent récupéré à l’association « karuna shechen » du moine bouddhiste Matthieu Ricard. Mon choix s’est alors orienté vers le Sri Lanka, sans sujet ni itinéraire précis.
Les premières heures au Sri Lanka?
Le 6 juin 2015, après 18 heures de voyage, j’ai atterri au Sri Lanka, un pays dont je connaissais peu la culture et l’histoire. Les premiers pas dans le pays se sont déroulés comme d’habitude : adaptation au climat et repos en raison du décalage horaire. Les heures de route en bus m’ont rapidement fait comprendre que les distances sur une carte, bien que courtes, se transformeraient en heures, voire en situations dangereuses en raison de la conduite de certains chauffeurs de bus. Pour arriver à un lieu intéressant pour filmer et visiter, j’ai choisi Sirigiya, un village situé au cœur de l’île, au pied d’un énorme rocher appelé « Sigiriya rock ». Le village est entouré de jungle et de petits villages. J’ai finalement passé plusieurs jours à explorer les alentours, car la plupart des touristes se concentrent sur les temples et les principaux sites archéologiques. En explorant les environs, j’ai été presque le seul étranger et j’ai pu entrer en contact avec la population locale, qui s’est révélée très accueillante et ouverte aux rencontres.
Quel était le contexte pour filmer et pourquoi ces portraits pour cette vidéo?
Mon objectif était de capturer les paysages et l’atmosphère contemplative du Sri Lanka, en mettant en avant la spiritualité qui y règne. Pour éviter de tomber dans les stéréotypes et les images « cartes postales », j’ai décidé de ne pas filmer les temples et les grands sites touristiques connus du pays, afin de consacrer mon temps et mon argent à d’autres aspects moins explorés.
Comment aller vers la population pour filmer et expliquer le projet ?
Je planifie souvent mes itinéraires en me basant sur des villes de taille moyenne. Ces villes ne sont généralement pas couvertes par les guides touristiques courants, comme le « Routard » ou « Lonely Planet ». C’est une stratégie similaire à celle utilisée par Antoine de Maximy dans l’émission « J’irai dormir chez vous ». En visitant ces villes, je peux rencontrer une population qui n’est pas habituée aux touristes et qui est donc curieuse de faire des rencontres. Cependant, la barrière de la langue et le manque de confort peuvent parfois rendre ces expériences plus courtes. C’était le cas pour moi à Matale, où j’ai été abordé souvent pour discuter, mais l’échange restait basique en raison de la barrière de la langue.
Pour le Sri Lanka, quelles étaient les villes de ce genre?
J’ai décidé de m’arrêter dans des villes de taille moyenne plutôt que dans les grands centres touristiques. Cette stratégie m’a permis de découvrir des endroits peu connus, comme Matale, Haputale et Badulla, situées respectivement entre Kandy et Dambulla, sur la route d’Ella et au terminus du train depuis Kandy. Bien que ces villes ne soient pas très attrayantes en termes de sites touristiques, elles m’ont offert les meilleures opportunités pour capter des portraits de la population locale. Les gens étaient curieux et ouverts aux rencontres, et ont souvent accepté de se faire filmer pour mon projet vidéo. Les expériences dans ces villes ont été les plus épuisantes, mais aussi les plus riches en termes de souvenirs et d’interactions avec les habitants.
En voyageant, j’ai souvent la chance de partager un repas avec des personnes rencontrées sur place, et parfois même d’être invité chez l’habitant. Cela dépend de plusieurs facteurs tels que le pays et la région, mon ressenti personnel, la personne en question et le feeling entre nous, ainsi que les quelques règles de base que je m’impose pour éviter les arnaques et autres problèmes. La plupart des personnes rencontrées étaient intéressées par ce que je faisais au Sri Lanka. Selon les échos de certains voyageurs que j’ai rencontrés pendant mon voyage, la région du nord (ville de Jaffna) est encore peu visitée mais est assez différente du reste du pays. En 2015, il y avait encore une présence militaire pour contrôler les tensions entre Tamouls et Sri Lankais. Cependant, je n’ai pas visité cette région.
Quelle est ta plus belle rencontre durant le voyage?
Ma plus belle rencontre durant mon voyage au Sri Lanka a été celle d’un vieil homme à la moustache blanche près de Kandy. Il m’a abordé pour discuter et a ensuite passé la journée avec moi, me faisant découvrir les alentours de la ville et m’invitant à boire des bières. C’est lors de cette rencontre que j’ai appris plus sur le pays qu’au travers des guides touristiques. Il m’a marqué par sa sagesse et sa simplicité, et je lui dédie ce film en remerciement.
* L’association « karuna shechen »* du moine bouddhiste Matthieu Ricard verse et collecte les dons pour les enfants de Katmandou mais aussi pour les plus démunis après la catastrophe. Je conseil toute personne qui souhaite faire un don au Népal de passer par celle ci, puisque le circuit de distribution de l’argent est court et l’association transparente sur ses actions.
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